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54 Les Spectacles de la Foire.
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pagne fife au village de Cernai, ladite dame appelant leur fils âgé pour lors de trois ans, fur ce qu'il ne venoit pas affez vite, le fieur Audinot fon père lui appliqua à l'inftant un rude foufflet, ce qui alarma vivement la plaignante qui vola aulîitôt au fecours de fon fils; mais ledit fieur Audinot entra auflïtôt en fureur contre elle plaignante et s'oublia au point de lui porter différens coups de poing fur le vifage et d'autres parties du corps. Depuis cette époque, la plaignante n'a ceffé d'être injuriée et outragée de différentes manières par ledit fieur fon mari qui fe répandoit journellement cn invectives de toute efpèce contre la plaignante qui n'oppofoit quc Ia douceur à une conduite auflï brutale, mais ces voies de fait ne fe calmèrent pas. Il y a cu famedi dernier un mois, la plaignante rentrant chez elle fur les neuf heures du foir, elle trouva ledit fieur fon mari qui l'attendoit et qui eft entré comme un furieux dans la chambre de la plaignante, ct fans que cette dernière y eût donné lieu, ledit fieur fon mari la menaça de la frapper de la canne qu'il avoit à la main et elle n'eût pas pu échapper à l'effet de fés menaces fi elle ne fe fût fauvée dans les caves de fa maifon, et quc «jourd'hui, fur les onze heures du matin, la nommée Catherine, fa femme de chambre, eft venue lui annoncer que le fieur Audinot venoit de s'emparer des clefs de l'appartement que ladite plaignante occupe personnellement au premier étage de la maifon où nous fommes ; qu'alors la plaignante s'eft levée du lit où elle eft actuellement et eft defeendue au premier étage et a cru dc fon côté pouvoir ct devoir s'emparer des clefs de l'appartement que ledit fieur fon mari occupe auffi perfon-nellement au premier étage de ladite maifon où nous fommes, dans le corps de logis donnant fur la cour, c'eft alors que ledit fieur Audinot, inftruit du parti que venoit de prendre ladite dame plaignante fe préfenta à elle dans un excès dc colère dont il n'y a pas d'exemple, lui difant qu'il alloit lui caffer bras ct jambes fi elle ne lui rendoit les clefs de l'appartement de lui fleur Audinot, ù quoi ladite plaignante répondit avec tranquillité et douceur qu'elle étoit toute prête à les lui rendre, mais cependant qu'il ne les auroit que Iorfqu'il auroit commencé à rendre à ladite dame plaignante les clefs de .fon appartement. Ced alors que ledit fieur Audinot, fans rien écouter que fon reffenti-ment de fe voir contrarié ainfi, fe porta vis-à-vis de la plaignante aux voies de fait et aux excès les plus violens au point qu'il lui donna un très-rude foufflet et lui porta différens coups de poing fur le vifage et fur les bras, dc manière qu'elle en eft toute meurtrie, ayant, ainfi que nous l'avons remarqué et conftaté à la requête expreffe de ladite plaignante, une meurtriffure fur le tendon du nez, une égratignure à la lèvre fupérieure au-deffous de la narine droite, une meurtriffure confidérable fur la pommette de la joue droite et trois égratignures affez fortes au bras droit depuis le poignet jufqu'au coude ; qu'elle croit que ces différentes plaies, cicatrices et meurtriffures, lui ont été faites avec une clef quc ledit fleur fon mari tenoit à Ia main dans le tems qu'il lui faifoit effuyer tout le poids de fés violences. Nous avons de plus remarqué que ladite plaignante a le vifage fingulièrement bouffi et enfle, cc qui nous paroit provenir des coups qu'elle dit avoir reçus.
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